Le Mexique de Cancùn à la capitale
du 10-04-2013 au 07-05-2013
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Arrivée à Cancun, la capitale mexicaine du tourisme à l’américaine : une longue langue de sable blanc étincelante qui plonge dans la douce eau turquoise, un alignement impressionnant d’hôtels de luxe, boîtes de nuit, grandes surfaces de boutiques de souvenirs … C’est pas trop le genre d’endroit qui m’attire, mais le centre ville à la sortie de la zone hôtelière reste potable, y a pas mal d’auberges au prix correct, de la bouffe de rue plutôt bonne et pas cher, ça nous donne le temps de nous retourner, et hop, rien d’autre à dire, on part vers Playa del Carmen, qu’un autre voyageur autour du monde français croisé à Cuba m’avait recommandé.
Une chose étrange, mais en sortant de Cuba ça peut s’expliquer plus facilement. Le premier supermarché qu’on croise, on entre et on s’émerveille de tout se qui peut s’acheter là-dedans. C’est vrai qu’à Cuba on a fini par se demander où les gens trouvaient pour se faire à manger, et ici c’est impressionnant le choix qu’il y a, car les mexicains ont une gastronomie très diversifiée.
Plus petit et plus calme, Playa del Carmen ça reste très touristique, et du même type de tourisme. Bref, la plage aussi, caricature de la plage de rêve, et c’est tout de même agréable (même si l’eau est assez froide en fait). Et on se rend compte que dans cette zone du tourisme dollar, un « office de tourisme officiel » n’est pas un endroit où on te donne des bons renseignements pour ton voyage afin de connaître au mieux le pays dans son ensemble ou au moins te diriger vers se qui t’attire le plus. Non, ce sont des billetteries pour tours organisés qui ont tous la super promotion qu’on ne trouve que chez eux (et donc qu’il faut acheter au plus vite), c’est assez décevant, et pour nous ça a été assez difficile de savoir où nous diriger pour la suite de notre voyage.
Et, d’après un vague conseil d’un mystérieux homme chauve sans sourcils, on se dirige vers Palenque et San Cristobal, dans les montagnes, loin des plages, on nous dit que la zone est plus « hippie fauché », plus dans notre genre quoi. Et on n’est pas déçu ! Palenque est une zone de ruines Maya, et je voulais absolument en visiter une, en entendant parler à Cancùn des tours organisés vers les ruines de Chichen Itza (faisant partie des soi-disant sept nouvelles merveilles du monde), je sentais revenir la même impression qu’à Cuzco aux abords du Machu-Picchu, l’impression de vouloir absolument partir à l’abordage, tout comme l’ensemble des touristes présent ici sans exception, d’un lieu appartenant au monde sinon à l’histoire, pris en otage par des grosses compagnies pour créer du dollar sur les restes magnifiques d’une civilisation quasi-génocidée. Bref, une grosse envie de boycotter. Mais le site de Palenque est facilement accessible, à prix raisonnable, bien entretenu, avec pas mal d’infos en espagnol et en anglais (pas besoin de se payer un guide, quoi !).
Et on remarque que le type de la population locale a bien changé. Déjà c’est assez frappant en arrivant sur la côte de Cancùn, les gens sont très petits. Ici dans les montagnes ils sont un peu plus grands et ont un faciès plus anguleux. A Mexico on voit une mixité plus importante bien sûr, vu que la population de tout le pays vient à la capitale, et surtout un type beaucoup plus européen. Mais mes préférés sont les petits à la tête toute ronde, autant survoltés qu’ils sont petits, les bras qui bougent dans tout les sens, qui rigolent de bon cœur à la moindre occasion, ils ressemblent totalement à la figure animalière de Speedy Gonzalez (sans le sombrero et le « Hay Carrrramba ! », qui ne se dit pas énormément en fin de compte, au moins autant que j’ai vu de mexicains porter le sombrero).
Pas vraiment grand chose d’autre à voir que les ruines à Palenque, on part pour San Cristobal de las Casas. On l’entend pas mal avant d’y arriver et je le confirme, c’est une ville magique. C’est certainement pour ça que pas mal d’européens au style effectivement très hippie viennent ici, pour pas mal de temps quelquefois. Au milieu des montagnes, le climat est parfais, doux et ensoleillé, les petites maison coloniales repeintes avec des couleurs et des dessins souvent très psychédéliques, les prix des restaurants et des hôtels divisés par deux en comparaison de la côte et la capitale, une vie culturelle tout de même assez présente, un local qui joue de la musique tzigane sur son violon pour ses amis assis à sa table, ça donnerait effectivement envie de rester.
Le Mexique me donne l’impression d’être le pays le plus tolérant que j’ai connu, déjà à l’entrée on nous a donné un visa touristique de 6 mois sans broncher alors que la plupart des pays donnent 3 mois maximum, par exemple. Et ça se ressent aussi ici aux alentours de San Cristobal, car il y a des villages d’indigènes qui sont pratiquement intouchables, on nous prévient même qu’il est très déconseillé d’y prendre des photos car leur religion le voit d’un mauvais œil, et dans certains cas de ce type ils peuvent se révolter contre un touriste et l’état mexicain n’interviendra pas, jugeant qu’ils sont dans leurs droit de donner certaines sanctions eux-mêmes.
Pour changer de la plage de rêve caribéenne : Zipolite, sur la côte pacifique cette fois. Ça ressemble beaucoup plus à la côte atlantique française, gros sable au grain brun, eau très fraîche aux vagues puissantes, et moi je préfère. C’est la deuxième fois que j’approche de près l’autre Océan après La Serena au Chili, et cette fois, je l’ai fait, je m’y suis baigné ! De toute façon il y a pas grand chose d’autre non plus à faire à Zipolite, ancien village de pêcheurs squattés par une vague de vieux hippies arrivés il y a quelques décades, et dernièrement quelques doux entrepreneurs touristiques qui plantent des cabanes rustiques au toit faits de feuilles de palmiers pour tout complexe hôtelier. C’est assez charmant, très tranquille, pas trop cher, et pour les surfeurs c’est un super spot !
Tout comme à mes seize ans, je prends le temps d’aller marcher longuement au bord des vagues qui me caressent les jambes, parfois j’arrête ma marotte de contempler les jolis coquillages et je regarde au loin, là-bas il y a un autre continent, des tonnes et des tonnes d’autres êtres vivants, j’aimerais que me poussent des ailes pour y aller déjà sans attendre, voir de haut cette maudite étendue infinie d’eau qui nous séparent et atterrir dans l’exotisme de l’ailleurs. Un chien m’a suivi tout le long en marchant à ma vitesse, je pense qu’il voulait se donner l’impression d’avoir un maître et moi ça m’a fait du bien de croire que j’avais un chien, puis quand je m’arrête pour faire demi-tour il me regarde, de toute façon il rentrerait pas dans ma valise, et lui il serait pas heureux d’y être enfermé.
Sur le chemin pour aller à la capitale, on s’arrête dans la ville de Oaxaca qui ressemble beaucoup à San Cristobal en moins magique et en moins hippie, en revanche les édifices importants sont aussi plus sophistiqués, il y a pas mal de grands marchés de fruits et légumes ou de fabrications artisanales, la vie culturelle est un peu plus organisée, mais dans le même genre on garde quand même San Cristobal comme n°1 dans notre cœur.
Au Mexique on apprend vite à se défier de ses repères … Exemple : dans l’imaginaire commun, le vert est ce qui est permis, le passage libre au feu de circulation, ou même la tranquillité d’une belle prairie. Le rouge est ce qui est interdit ou dangereux, le feu rouge, le sang … Alors naturellement quand on arrive comme un bleu à un petit chariot de tacos et qu’on voit deux pots de sauces pour assaisonner sa pitance, un vert et un rouge, on se dit : tiens, de la guacamole. Et non ! C’est de la sauce piquante bien sûr, et de plus c’est la plus forte des deux, la rouge est presque toujours la plus douce (celle qui ne pique pas, comme ils disent, mais attention elle pique quand même). Alors on retient vite la leçon. On retrouve aussi bien sûr le fameux guacamole, qui ne pique pas normalement, même si certains y ajoutent du piment (et c’est pas mauvais je trouve), mais c’est plus souvent pour accompagner un plat dans un restaurant ou pour faire un petite entrée à déguster avec des nachos ? En revanche quand c’est servi dans un pot avec des tacos ou des burritos ou autres du même type, c’est certain, il faut être très prudent.
Le sud du pays aura été en général très vert, bien boisé dans les montagnes bien sûr, et très tropical sur la côte. En sortant de Oaxaca et en allant vers la capitale, je découvre le paysage typique mexicain qu’on a tous en tête, de grandes étendues de pierres blanche à peine recouvertes de quelques cactus et parfois quelques arbres. Et on arrive à DF ! DF ça signifie District Fédéral, il faut s’y habituer car tout le monde le dit comme ça ici (Il faut savoir que « Mexico » au Mexique c’est aussi le nom du pays et d’une région-état voisine, donc ça peut confondre). La première vision du centre est assez décevante bien que certains édifices soient assez grandioses bien entendu, mais entre les petites choses jolies, beaucoup de bâtiments bien laids, aussi l’odeur venant certainement des canalisations qui plane pratiquement partout dans le vieux centre est affreuse au point que ça m’empêche de manger dans la rue comme je le fais normalement, et en plus l’ambiance est vraiment très froide. C’est vrai, à comparer avec Buenos Aires, il manquerait une sorte d’électricité dans l’atmosphère, de magie, j’aurais presque dit de créativité s’il n’y avait pas effectivement bon nombre de petites œuvres un partout dans la ville, qu’elles soient officielles, pour des commerces, ou bien des œuvres sauvages, et on le retrouve surtout du côté des quartiers du sud proches du centre, comme la Zona Rosa, la Condesa et Roma. Mais c’est certain, il me manque quelque chose dans cette ville que peut-être je découvrirais ou substituerais par la suite, c’est assez décevant, c’est cette chose que je ressens habituellement dans les grandes villes et qui me plaît tellement, ici j’ai l’impression qu’on l’a aseptisée.
A part l’odeur horrible du centre ville, il y a autre chose qui, sinon au nez, saute aux yeux, c’est la liberté apparente des mœurs ici surtout au niveau de la sexualité. On voit énormément de couples homosexuels, féminins ou masculins, qui se promènent tranquillement dans les rues la main dans la main, pour un pays qu’on décrit souvent comme assez machiste c’est plutôt intrigant. Mais comme je le décris plus haut, depuis le début le Mexique m’est apparu comme un pays très tolérant et ça le confirme. Autre chose intrigante, mais assez plaisante, c’est de voir la manière dont les adolescents se divertissent. On les voit souvent se baigner dans les fontaines des parcs public qui ont mis spécialement à quelques endroits des petits jets qui va et viennent par des trous dans le sol, et ils s’amusent à se mouiller entre eux, sinon ils vont s’asseoir sur les grilles des sorties d’air du métro pour avoir les cheveux dressés sur la tête, tout ça peut paraître un peu pathétique au début mais on peut aussi penser qu’en fin de compte c’est certainement mieux que de se droguer dans un coin ou jouer à la playstation. Et ça aussi c’est un reflet, je crois, de la mentalité mexicaine qui est assez allègre et joyeuse. Beaucoup de choses, je devine, me restent à découvrir tout comme la variété incroyable de la nourriture dans cette ville et dans ce pays qui je l’espère me donnera l’opportunité d’apprendre à le connaître. Car effectivement, on se met à chercher un logement, chose qui apparaît assez difficile, et aussi par la suite un emploi. Voyons voir ce que nous propose le destin !
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